Le marketing de la contestation

Lors de la manifestions contre les coupures fédérales, un manifestant arborait une pancarte avec une photo de Harper habillé en Hitler et un Bush avec un brassard nazi.

Devinez quelle photo se retrouve à la une de plusieurs journaux ce matin ? Evidement la belle pancarte dudit manifestant. Est-ce que cela sert la cause ? Poser la question est y répondre. Tout d’abord, il faut comprendre que les médias ne vendent pas de l’information mais du drame. Ils vont toujours chercher quelle est l’image la plus provocante pour vendre leur canard, surtout si c’est en première page.

Ensuite, l’utilisation de symboles aussi lourds que le nazisme et l’holocauste pour une cause à des lieux de ce fait historique banalise justement le fait historique en question. Pour avoir longtemps vécu en Europe, je puis vous assurer que ces symboles sont lourds de sens dont personne n’a oublié et ils sont rarement utilisés pour tout et pour rien.

L’autre aspect du problème est (et n’oubliez jamais ceci) : LA PERCEPTION EST PLUS IMPORTANTE QUE LE MESSAGE. Comment l’opinion publique vat’elle percevoir une image aussi provocatrice ? Encore heureux qu’il n’y avait pas de jongleurs en dreadlocks et de tam-tameux enfumés que l’on retrouve habituellement dans ce genre de manifestations (j’ai rien contre les tams-tams enfumés, mais sur le Mt-Royal SVP).

Brefs, vous n’etes pas content, pensez à l’image que vous allez projeter si vous voulez que le message recoive l’appui de l’opinion publique. Mettez devant les cameras et médias des images fortes mais conséquentes.

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Lettre à Harper de Wajdi Mouawad et manif de ce matin

 Notre grand auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad à écrit à M. Harper. On retrouve cette lettre dans le Devoir de ce matin dont voici un extrait:

La contestation qui aura lieu aujourd’hui et à laquelle ma lettre s’ajoute n’est qu’une des premières manifestations d’un mouvement que vous venez de mettre vous-même en branle: un nombre incalculable de textes, de discours, de gestes, de rassemblements, de manifestations vont désormais se faire entendre. Ils ne s’essouffleront pas.

Ceux-là seront peut-être, à l’instar de ma lettre, défaillants, mais, à l’intérieur de chaque mot, il y aura une étincelle enragée, ranimée, et c’est précisément l’addition de ces petits instants de feu qui formera le grain de sable dont vous ne pourrez pas vous débarrasser. Cela ne se calmera pas, la pression ne diminuera pas.

Monsieur le premier ministre, nous sommes voisins. Nous travaillons chacun d’un côté de la rue. Seul le Monument aux morts nous sépare et c’est juste, puisque art et politique ont toujours été le miroir l’un de l’autre, chacun sur une rive, se mirant dans l’autre, séparés par ce fleuve où la vie et la mort sont pesés à chaque instant.

Nous avons beaucoup de choses en commun, mais un artiste, contrairement à l’homme politique, n’a rien à perdre, car ce n’est pas lui qui fait les lois; et si c’est le premier ministre qui change le monde, l’artiste, lui, il le fait voir. Ne contribuez donc pas, par votre politique, à nous rendre aveugles, Monsieur le premier ministre, n’ignorez pas la rive miroir, ne nous plongez pas davantage dans le brouillard, ne nous diminuez pas.

Merci Wajdi de décrire si bien la situation et informer le premier ministre qu’il nous aura sur les talons pour toute sa campagne électorale.

J’arrive de la manif à la SAT de ce matin. Je n’ai pas pu entrer dans la SAT entendre les discours des Pintals, Tétreault et autres mais nous devions facilement être un bon 3000.

Maintenant, j’ai hâte de voir comment nos collègues du Canada anglais vont contrer les coupures.

Pour votre info, il y a 650,000 travailleurs dans le domaine de la culture au Canada qui ont généré en 2007 des retombées directes et indirectes env. 84.6 MILLIARDS et selon le Conference Board of Canada, nous participons à 7.4% du PIB canadien. Ce n’est pas négligeable quand même, n’est-ce pas Mme Verner ? Voir l’article du Devoir à ce sujet.

Je propose que dorénavant, toutes les compagnies artistiques qui envoient leurs demandes de subventions au fédéral sous le nom de Holy Fuck (c’est pas mal du tout leur musique), nom qui dérange tant les Conservateurs.