Nous posons-nous la bonne question ?

Francois Colbert, Professeur titulaire à la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC-Montréal, amène dans une lettre au Devoir ce matin une perspective intéressante au débat sur les coupures. La question qu’il pose est: est-ce que les gouvernements dépensent trop ou pas assez pour la culture. Les chiffres font tourner la tête car il en arrive à un total approximatif de 10 milliard sur les trois paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal), ce qui n’est pas peu dire. Par contre, ce chiffre inclut les bibliothèques, les télévisions publiques etc…

La présente discussion (certains diront la levée de boucliers) sur le financement des arts, à la suite des coupes de 45 millions du gouvernement fédéral, se fait-elle vraiment à partir de la bonne question? Dans ce débat, il y a la question fondamentale et les questions subsidiaires. D’abord, les questions subsidiaires.

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Oui, ces argents peuvent être mieux répartis, des ministères ont-ils a financer des activités culturelles comme le ministère des affaires étrangères ? Je suis complètement d’accord avec lui que l’on ne fait pas de coupes sauvages à 6 mois d’avis. On consulte, on cherche des solutions et on donne le temps aux bénéficiaires de se retourner.
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Phoques ‘n tits

Ça s’appelle « culture en péril » sur youtube. Bravo !

Ce qui me touche , entre autre, dans ce vidéo est que sur les 3 personnes, 2 sont des comédiens (Brière et Rousseau) connus qui n’ont pas besoin de subventions et le font par solidarité pour la cause.

C’est triste mais c’est vrai…

Je m’étais dis que je devais parler un peu plus marketing du spectacle et un peu moins politique mais c’est plus fort que moi.

Marie-France Bazzo, journaliste à Télé-Québec et chroniqueuse au Journal de Montréal, a rédigé dans le Journal de Montréal de ce matin une analyse surement très proche de la réalité sur les réactions de Québécois sur les coupures. Voici un extrait:

Un matin, Stephen Harper empoigne sa scie à chaîne et raccourcit de 45 millions de dollars les programmes de subventions aux artistes canadiens. Dans les jours qui suivent, par dizaines, des artistes québécois s’organisent. Le grand Gilles Vigneault se déploie, Robert Lepage s’enflamme, Wajdi Mouawad sort ses tripes. Portée par l’appui inconditionnel des médias, la troupe indignée s’ébranle. On invoque l’identité bafouée, on évoque Hitler, on crie, on crée, on est des artistes ! Tout à coup, au milieu de la rue, le groupe s’immobilise et regarde derrière. Il n’y a personne…

Personne ? peut-être pas mais juste vraiment pas grand monde. Et Qqui sont ces artistes qui se lèvent: ceux qui ne tournent peu ou pas au Québec ou même au Canada (à part Toronto pour quelques chanceux) parce que le public québécois ne s’intéresse peu à ses grands créateurs et beaucoup plus à ses humoristes et varietoche. Parce que le réseau de salles québécois est juste suffisament subventionné pour oser une pièce de théâtre une fois par mois (et je suis généreux) ou une chorégraphie contemporaine une fois par année. Et pourtant, le Québec est surement l’endroit qui subventionne le plus la création et la diffusion en Amérique de Nord.  Le système ici est fait pour favoriser les spectacles « rentable » car la mairie est préoccupée plutôt par le déneigement, avec raison. Résultat, les québécois n’ont que faire de ces troupes de danse contemporaines, de théâtre contemporain, de spectacles enfant-jeunesse.

Qui connait Mouawad ou Lepage à Gaspé ou à  Amos ainsi que dans les nombreuses autres villes québécoise ? Très peu de gens. Encore heureux que le Moulin à Images de Lepage ai été un si gros succès à Québec cet été, cela va très certainement aider la cause des arts de la scène.

Et plus loin Bazzo dit:

Pis encore, se peut-il que le Québec aime les vedettes, les shows à succès, mais pas l’expérimentation et le travail de l’ombre ? Et que ça fasse longtemps que cette situation existe ?

Il est triste de voir à quel point le public en général n’a aucune idée de l’ampleur du travail qu’une compagnie de créationdoit réaliser. Je prends l’exemple du Cirque Éloize car c’est celui que je connais le mieux. Six mois de travail à temps plein pour une création (LaLaLa Human steps prends un an), une équipe au bureau pour qui 50 à 55 heures semaines est la norme (payé à 37.5 heures évidement), des techniciens de tournée qui cumulent facilement 60 à 70 heures/semaines sans compter les voyagements d’une ville à l’autre. Un dévouement de tous et chacun, des marges de crédit dans le rouge en permanence et des fournisseurs patients. On est loin de l’artiste enfumé qui crée en révassant de succès international et en remplissant des demandes de subventions pour un voyage avec sa blonde à Vienne…

Non, c’est un monde de passionné, de travaillants et je suis fier de me lever avec mes collègues pour arrêter cette chasse aux artistes. Parce qu’une ovation de 15 minutes dans une capitale européenne ou dans une ville du Mid-West américain c’est ça notre vrai salaire. Et c’est pas avec des pinottes qu’on y arrive.