L’organisation d’un spectacle

Vendre des spectacles est une chose. On ne peut pas vendre son spectacle sans comprendre comment l’organisateur de son côté fonctionne, planifie et met en marché les billets.

Ce site, le e-book de l’organisateur de spectacle, crée par l’Agence culturelle d’Alsace, fait bien le tour de la question. On y retrouve les sujets suivants:

Ainsi que d’autres sujet. Chaque pays a quand même ces propres règlements fiscaux et autres mais dans l’ensemble, c’est le parcours de l’organisateur.

Publicité

La crise financière nuit-elle à la vente de billets de spectacles

Il semblerait que non selon un article du journal montréalais Le Devoir paru ce matin:

Vancouver — Les salles de spectacle canadiennes semblent toujours aussi occupées malgré la tourmente économique actuelle.

Des groupes artistiques de partout au pays indiquent que les ventes de billets vont bon train pour le temps des Fêtes, malgré l’inquiétude croissante devant une possible récession au Canada….

…Selon la porte-parole du Centre national des arts d’Ottawa, Jayne Watson, ce phénomène s’explique par le fait que les Canadiens qui voient leurs économies disparaître en fumée accueillent favorablement la culture comme source de distraction.

Pour ma part, je mets en doute cette affirmation. Elle relève plus de compagnies artistiques qui veulent rassurer leur clientèle et leurs bailleurs de fonds que la réalité. Lors d’un diner en compagnie de programmateurs québécois la semaine dernière, ils me faisaient part d’une baisse importante des ventes, en particulier dans les villes qui vivent des fermetures d’usines comme la Belgo à Shawinigan. Ce sont des salaires importants qui disparaissent et ces salaires font souvent vivre le reste de la ville. Dans les régions qui dépendent des ressources naturelles comme le bois et les mines, l’activité économique étant ralentie, la vente de billet ens souffre naturellement. Il faut comprendre que les villes québécoises ont été fondées autour de ressources naturelles importantes et non au moyen-âge comme en Europe. Dès que les USA ont la grippe, le Québec tousse. Comme il ne se construit actuellement très peu de maisons aux USA, l’industrie de bois souffre.

Crise financière: les premières victimes du Québec culturel

Ce matin, Le Devoir annoncait deux annulations de spectacles. La première étant le spectacle bénéfice de I Musici. Il est vrai qu’il devient nettement plus difficile de vendre ce type de billets à la communauté d’affaire qui paie entre 200$ et 300$ (don déductible d’impôts). La deuxième annonce concernait l’annulation des deux opéras commandés par le Festival Montréal en Lumière à François Girard dû à la difficulté à trouver du financement privé.

Cela nous amène à une réalité incontournable. Le financement privé, les commandites (sponsoring) et autres seront nettement plus difficile à trouver. Dans ce contexte, il est du devoir des gouvernements d’augmenter leurs budget de support à la culture.

Une conférence pour Réseau-centre

J’ai eu l’honneur d’être invité à donner une conférence sur le marketing du spectacle pour le Réseau-Centre le 25 novembre prochain. Réseau-centre est un groupe de diffuseurs de la région centre du Québec qui regroupe 23 salles de spectacles de jauges variant de 110 places à plus de 1000 places.

J’ai l’intention d’aborder les sujets contreversés suivants:

  • Qu’est ce que le positionnement pour une salle de spectacle
  • La segmentation des publics
  • Un marketing mix 2.0
  • Pourquoi votre pub ne marche pas

Je travaille sur mon synopsis et me rends compte que je dois faire des choix difficiles tellement les sujets sont nombreux et intéressants.

La crise financière aura-t’elle de l’impact sur les ventes de billets ?

Il y a tout lieu de croire que oui mais je reçois des informations contradictoires. Selon une source à New York dans le domaine des théâtre dits « Broadway », les ventes de billets ne baissent pas et sont stables. Il pense que les gens ont plus besoin de se divertir dans une période difficile.

Une autre source, à Paris cette fois, me dit qu’à Paris c’est très difficile depuis quelques temps mais pas depuis le début de la crise en particulier. Par contre à Bruxelles et à Genève ça va plutôt bien.

Les USA seront probablement les premiers touchés, 15 millions de personnes ont perdu leur maison, des centaines de milliers de travailleurs perdent leur emploi, des banques font faillite. Et il ne faut pas oublier que dans le spectacle vivant, les banques sont de gros donateurs pour les fondations qui permettent aux structures et aux compagnies de survivre.

L’Europe est en train de vivre, depuis quelques jours, le ressac de la crise américaine et va  vivre des temps difficiles. Heureusement qu’en France, la culture et le spectacle vivant sont considérés comme des services « essentiels », mais pour combien de temps encore ?

J’ai trouvé aucun commentaire sur le web, mais je vais suivre cela de près.

Isabelle Hudon et le Moulin à images

Isabelle Hudon, dynamique et sympathique présidente de la Chambre de Commerce de Montréal est revenue complètement emballée du Moulin à image et je la comprends. Tellement emballée qu’elle a décidé que les silos à grains inutilisés dans le Vieux-Montréal devaient faire la même chose. Oui, Montréal manque de projets porteurs mais nous aurions dû y penser avant. Cette idée est merveilleusement exploitée par Québec et son succès fait que la Mairie songe la poursuivre l’an prochain. Pourquoi ferions-nous à Montréal ce que Québec fait déjà si bien ? Oui nous avons des créateurs à Montréal comme Erick Villeneuve (Cavalia, Dracula, Ao etc…) mais jamais nous n’aurons une oeuvre aussi géniale que celle de Lepage. À moins que Lepage la fasse mais je peux imaginer son agenda pour les 3 prochaines années.

Quelqu’un à une autre idée pour les silos de Montréal ?

Déterminer le prix d’un spectacle

Quelqu’un est arrivé sur ce blog avec la recherche SEO : « prix d’un spectacle » et cela m’a fait penser qu’on parle rarement de ce sujet un peu délicat.

La réponse classique est le vieux dicton :  » la valeur d’un produit est selon ce que quelqu’un est prêt à payer pour ». Mais la vraie réponse est nettement plus complexe.

Beaucoup de facteurs déterminent le prix de vente d’un spectacle. Je ne parle pas ici du prix du billet, même si cela a de l’impact sur le prix de vente initial.

Beaucoup d’artistes et de producteurs oublient de considérer cet élément en premier lieu avant même la création,car c’est le prix de vente du spectacle qui va déterminer:

– les coûts de création et de production

– le marché de salles à qui on s’adresse (petites, moyennes, grandes, subventionnées ou non)

– l’investissement en promotion et développement

Combien de fois ais-je vu des artistes ou producteurs créer leur spectacle sans se poser la question et ensuite se retrouver avec un spectacle nettement trop cher pour le marché auquel il sera destiné. Résulat: le bide total. Sans parler aussi de ceux qui créent des spectacles trop gros, avec une équipe trop importante et/ou des besoins techniques trop lourds pour l’accueil.

Bref, pensez bien à votre affaire avant de vous lancer à créer tout azimuth. La virtuosité sur Excell est de rigueur. Faites vos devoirs et assurez-vous que vos chiffres soient non seulement réalistes mais que vous n’avez rien oublié. Voici quelques exemples d’oublis fréquents:

– Amortisssement de la création.

– Amortissement des coûts de conception-fabrication et envoi de matériel publicitaire à l’acheteur (photos, affiche, textes).

– Amortissementt des coûts de conception-fabrication du matériel de vente (dossier de presse, rédaction des textes, graphiste). Même si c’est envoyé en pdf, il faut prévoir un budget.

– Coûts d’un site web et entretien du site (faut bien mettre les dates de spectacle à jour).

– Coûts de développement: salaires, showcases, téléphone (quoique avec Skype, c’est de mieux en mieux), déplacement et rencontre des acheteurs.

– Le prix du pétrole. Et oui, si vous devez faire 2000 km de tournée avec un gros camion bien rempli et un minibus, bonjour la facture.

– L’entreposage du matériel quand la tournée est au repos.

– Les coffres (roadcases ou flight-cases), ça coûte cher.

– Pour les grosses et longues tournées, les coûts de remplacement d’un membre si un membre quitte pour blessure ou abandon.

Ensuite vient le marché:

– Quelle est votre notoriété (« marquee value ») ?

– Quels sont les prix pratiqués pour ce type de spectacle dans un marché donné. Une recherche s’impose. Les salles privées sont moins nanties que les salles publiques. Au Québec (le catalogue RIDEAU donne une bonne idées des prix pratiqués) et en Belgique par exemple, les salles sont partiellement subventionnées, notamment au fonctionnement, mais pas à la présentation. Donc, ils évitent autant que possible de faire des déficits. En France, c’est le contraire, la prise de risque est nettement plus confortable pour les programmateurs publics.

– Combien de représentations ou de temps pensez-vous pouvoir garder le spectacle sur la route ?

– Combien pensez-vous que valent vos billets au guichet ?

– Quelle est la culture d’achat sur ce marché (prix tout-inclus de Joliette à Chibougamau – l’horreur – ou prix + les frais afférants comme le transport, l’hébergement et les per diems, les droits des créateurs et…).

À partir de là, vous pourrez, et même devez, dire à votre équipe de création d’oublier le super-méga décor, les 20 personnes en tournée et les 4 mois de création si vous n’avez pas le marché potentiel.

Toujours partant ? Des questions ?

Que faites-vous pour garder votre public ?

Thierry Spencer, marketeur-bloggeur français, a redigé un billet fort intéressant sur la qualité de l’accueil vs le prix des places. Il met en avant que les sièges sont souvent d’une autre époque (fatigués) et les rangées sont tellement serrées que l’on dispose  d’à peine la place pour se déplier les jambes dès qu’on mesure plus de 1.70 m. Il considère inacceptable qu’au prix des billets de ces spectacles, on soit aussi mal assis (et je rajoute accueillis)

Il pose la pertinente question:

Doit-on endurer une salle sans confort pour assister à un spectacle culturel ?
Quand je vois l’âge moyen du public de théâtre (et vous savez qu’il est élevé), je pense aux nouvelles générations qui ne supporteront pas le quart de la moitié de ce que j’ai enduré au théâtre.

Et il a raison. Les cinémas changent leurs vieux sièges pour des sièges très confortables. Le marketing est l’art de dépasser les attentes des clients. Le milieu culturel considère encore trop que le marketing est un bon placement média, un visuel fort, des têtes d’affiches mais le milieu oublie encore que c’est un tout qui doit être examiné et amélioré constamment pour que l’acheteur ai envie de répéter l’expérience. Le public a un choix important de spectacle est d’activités diverses. Si pour moins cher, il peu passer une excellente soirée au cinéma (et se paiera une bonne pizza après avec la différence !), le choix de sortie ne sera pas longue à faire. Si en plus le spectacle est mauvais ou trop hermétique, alors là…

Trouver un nouveau public est du travail mais pas très difficile mais le garder est nettement plus ardu.

Too little time.

Too many choices.

Seth Godin

Que faites-vous pour garder votre public ?

Venez savourer la culture

Ce matin une analogie m’est apparue, la culture est une immense cuisine. Il y en a pour tout les goûts même ceux qui n’ont pas de goût ! Quand je dis culture, je fais référence au spectacle vivant en particulier.

Il y a des petits restaurants de quartier sympathiques pas chers comme il y a des petits théâtres de poche, des petits bars qui font dans lerock, le blues et la chanson. On connait le patron, on se sent à l’aise.

Il y a les resto plus grands, la cuisine est y toujours de qualité, français, japonais, thai etc…comme il y a des spectacles plus grands sans être démesurés, ils sont toujours à l’échelle humaine. On les fréquentes moins mais on est toujours content d’y aller de temps en temps.

Il y a les grands spectacles, les grandes compagnies, la Place des Arts, l’OSM, les Grand Ballets Canadiens, le Cirque du Soleil comme il y a des grandes tables. On se fait plaisir une fois de temps en temps, on se fait beau pour une sortie chic en bonne compagnie.

Il y a autant de cuisines et de restos que de types de spectacles, et étonnamment, les prix sont assez similaires. Un bon petit show dans un bar va vous coûter dans les 20-25$ la soirée et une grande sortie chic va dans les 70-100$ la soirée comme dans un grand restaurant.

Et évidemment, il y a le « junk food », mais là c’est la différence entre l’international et l’universel. Ça goûte rien mais tout le monde en mange. No names, sorry (mais j’en pense pas moins !).

Le spectacle vivant, plus on le fréquente, plus on développe son goût. 

Prix du billet

Je vous ai un peu abandonné cette semaine, j’ai un bébé d’un mois à la maison et une fille de 3 ans et il faut gagner sa vie….Ne vous en faîtes pas, les sujets de manquent pas, j’ai une liste assez longue à commenter. The best is to come !

Comme je le mentionne dans la page « qui suis-je », un de mes principal mandat est d’organiser des tournées et ce moment je m’occupe de la tournée de RAIN du Cirque Éloize dans le réseau public en France pour la saison 2008-09.  Ce réseau est vraiment fascinant car il est probablement le plus soutenu par les différents paliers gouvernementaux (mairie, région, État). Il fait l’envie de nombreux pays car, grâce a ce soutien, les salles peuvent accueillir des spectacles qui seraient difficile à présenter dans un réseau comme au Québec ou aux USA. Ils ont un programme de résidence et de création. Les directeurs ont, pour la plupart, un profil de metteur en scène ou de chorégraphe. Ils ont une réelle mission culturelle dans leur ville. Bref, si c’est pas le paradis, c’est pas loin !

Ils pratiquent pour la plupart une politique d’accessibilité au spectacle, et certains proposent des prix imbattables allant de 8 euros à 15 euros pour des spectacles, qui ailleurs dans le monde, se vendent entre 25 et 40 euros la place. Là, je m’interroge au risque d’attirer les foudres de nombreux intervenants du milieu. Pas que je soit contre le fait que le public moins nantis ne puissent voir des belles créations mais je pense aussi que cette politique a un effet pervers. A la longue, est-ce que cela ne dévalorise pas l’image de la compagnie et du spectacle ? Surtout quand il s’agit d’une création qui a beaucoup d’ampleur et qui a eu un grand succès international. J’aurais plutôt tendance à penser que certaines productions valent plus et le public doit s’attendre à payer en conséquence. Un système de réduction de prix pour certaines personnes sans travail ou autre pourrait être pratiqué (ce qui ce fait aussi a assez grande échelle).  

Aussi, sortir au théâtre n’est pas une activité quotidienne. Dans mon pays ou il fait pendant 3 mois entre -5 et -25, sans parler des 3 mètres de neige qu’il est tombé cette année, aller voir un spectacle est toute une organisation. Gardienne, manger tôt, retourner dans l’auto alors qu’il fait -20 et qu’elle va prendre 15 minutes à réchauffer, trouver du stationnement etc… Sortir nécessite, pour nous et beaucoup de gens, toute une préparation physique et psychologique. Donc, quand on sort avec ma femme, c’est une soirée particulière pour nous deux. Pas que le prix du billet ai un impact sur notre choix de spectacle mais je trouve normal que Decouflé ou Cirque Éloize coûte plus cher à voir que d’autres.