Le marketing du théâtre, une rare thèse de maîtrise

Les études approfondies en français sur le marketing des arts de la scène sont très rares. Myriam Jakir, une ex-étudiante de l’Université de Genève en Suisse, a rédigé sa thèse de maîtrise sur le sujet et je salue son travail et d’avoir si bien saisi le milieu dans lequel nous évoluons. Sa recherche met aussi le doigt sur un point qui m’étonne toujours dans mes discussions avec des collègues européens et des programmateurs, la perception erronée du marketing de la culture. La majorité du milieu de la diffusion culturelle francophone européen n’a malheureusement pas encore saisi l’utilisation de stratégies marketing pour l’augmentation de leurs ventes de billets et d’abonnements.

« Les organismes culturels produisent des biens culturels (…). Tous ces organismes commencent à s’apercevoir qu’ils sont concurrencés par une foule d’autres institutions luttant pour accaparer l’attention des consommateurs et une part des ressources nationales, et qu’ils se heurtent donc à un problème de marketing »

Je partage son point que le marketing est au service d’une offre culturelle et non le contraire comme c’est le cas dans les biens de consommations.

Vous pouvez télécharger Maitrise M. Jakir.

La recherche de Madame Jakir est bien documentée, notamment le directeur de la Chaire de gestion des arts, le montréalais François Colbert dont vous pourrez lire un résumé de son travail ici.

Donc, bravo à Madame Jakir et j’espère que ce document sera lu et échangé par vous.

Publicité Sauvage à 25 ans !

Oui, on peut parler tant qu’on veut de marketing web 2.0, de Facebook, de blogs, d’interactions et de dialogue grâce au web mais bien bien avant tout cela, il existait une excellente manière très économique d’être partout, c’était grâce à l’affichage. Et surtout, grâce à Publicité Sauvage que le pote de ma sœur, Beaudoin Wart, a eu la brillante idée de lancer il y a 25 ans. Et depuis ce temps-là, c’est pas moins de 40 000 campagnes que cette sympathique boite à tapissé le murs de Montréal, souvent en cachette jusqu’à il y a quelques années après avoir gagné le droit de faire se type de pub. En Amérique du Nord, Montréal était le seul endroit ou l’affichage sauvage était permis. J’ai contracté à maintes reprise leurs services pour la pub de mes productions. Ça coutait 800$ pour 1000 affiches couleur en imprimerie et 5 cents pour l’affichage par affiche (me semble) à l’époque. Bref, pour moins de 1200$, on étais sur tous les murs de Montréal. Et quand on avait une très belle affiche en papier glacé, il y avait le service d’affichage dans les resto branchés de Montréal.

Grâce à PS, toutes une génération d’affichiste est née et Beaudoin a eu la brillante idée de garder une copie de chaque affiche. Ils ont choisis les plus belles et 15 expo (oui oui 15 expos) seront organisée dans les mois à venir. À suivre sur le site de  Publicité Sauvage.

Pour terminer, voici un extrait de l’article du journal Le Devoir de se matin:

Une ville sans affiches? Marc Choko préfère ne pas y penser. «Une ville sans affiches est tout simplement impensable. Ce serait une ville grise et froide. L’affiche est un art démocratique par nature, à préserver pour le bien d’une vie urbaine animée, vivante.»

Le développement international, ça n’arrête jamais

Grosse semaine qui fini et une autre à l’horizon qui s’annonce pas morne non plus. Je quitte dans 1h pour Genève pour assister à la dernière représentation de ID du Cirque Éloize de la série qu’ils font à Genève. Éloize a encore mis le feu au Lac pour son 4e passage en Suisse en 7 ans. La tournée (que j’ai montée) se poursuit ensuite pendant 3 mois dont un passage de 1 mois au Théâtre National de Chaillot.

J’enchaine ensuite en Alsace, plus précisément à Mulhouse ,retrouver mes nouveaux poulains, Wear It Like  A Crown de la compagnie suédoise Cirkus Cirkör. Wear sera à la Filature de Mulhouse du 6 au 10 décembre et c’est l’occasion pour moi d’inviter de nombreux programmateurs à venir voir et, si tout va bien, cela débouchera sur une tournée française au cours de la saison 2012-13.

Une semaine de prospection = 3 semaines de préparations et 2 semaines de suivi au retour. Tout d’abord ça commence par une sélection importante des programmateurs à qui j’envoie ensuite une invitation. Cette étape est cruciale car cela ne sert à rien d’inviter tout les programmateurs. On choisi la jauge moyenne, le type de budget, les périodes de festival etc. Une fois l’invitation envoyée, une semaine plus tard, suivi téléphonique intense et par courriel. Le défi est grand car il s’agit d’une compagnie relativement peu connue en France et le spectacle est présenté dans une ville située dans une région assez périphérique et peu centrée. Prise de rendez-vous, traçage d’un itinéraire optimal entre Genève et Mulhouse pour faire d,autres rencontres. Idées qui surgissent en cours de route. Décalage horaire avec l’Europe qui a ses avantages, je peux me concentrer à envoyer beaucoup de courriels l’après-midi, et désavantages, à partir de 13h, plus moyen de rejoindre les gens.

À quelques jours du départ, préparation des pochettes de présentation, photocopies, duplication de DVD, assemblage du tout. On en profite aussi pour préparer un envoi postal à aux clients potentiels qui ne peuvent venir ou que ça peux quand même intéresser, pour profiter d’un tarif postal plus avantageux (une enveloppe avec plaquette + DVD pour l’Europe de Montréal = approx 8$. De France et pour la France, env. 2.50$. On fait des étiquettes (le gabarit d’étiquette n’est jamais pareil une fois imprimé), les lettres de présentation (vive la fusion sur Word). On se trompe, on recommence et on se couche tard. Un coup parti, pourquoi pas aussi faire un envoi postal au Qc, car au retour , on pourra faire un suivi… C’est en ce moment que les saisons ce montent et il faut se positionner vite. Pas attendre le printemps, c’est trop tard.

Bref, ça n’arrête jamais mais c’est passionnant.

Karkwa et Coca (Cola)

Cette semaine a été marquée par un débat intéressant sur Facebook soulevé par le choix du groupe rock québécois Karkwa d’accepter de vendre la chanson Pyromane (une de leur plus belle chanson) pour une pub de la compagnie Coca- Cola. Le groupe justifie cette décision faite à l’unanimité par les membres du groupe pour des raisons économiques sans toutefois endosser les « allers et venues » comme ils disent de la célèbre compagnie. L’histoire a le mérite de poser certaines questions.

Pour ma part, et la minorité qui s’est exprimé négativement dans Facebook, j’ai un malaise avec cette décision. Pour moi, Coke a une très forte connotation de l’impérialisme économique américain (vous savez, ce concept qui fait que les USA partent en guerre régulièrement pour « défendre les intérêts américains à l’étranger »). Il n’y a qu’à taper dans Google « coke contreversy » et les résultats parlent d’eux-même.  Dans le fond, tout ce qu’ils nous proposent, c’est une eau gazéifiée sucrée et caramélisée qui est plutôt mauvaise pour la santé.

De plus, nous vivons un mouvement intéressant où les jeunes du monde entier se lève pour « occupy-er » les devant des bourses mondiales » et signifier leurs ras-le-bol de cette course à la spéculation boursière frénétique.

Mon autre malaise ce situe du côté des pro-pub Coke. Le ton général est: « come on » les amis, faites du fric et profitez-en, vous le méritez bien. Dans ce cas, allons-y gaiement et allons chez les fils Khadafi, ils paient très bien il parait (n’est-ce pas Mme Furtado et Beyonce). Barrick Gold et Lehman Brothers ont surement aussi besoin d’entertainement. Non, désolé, je n’adhère pas à ça. En tant que producteur délégué qui a produit plus de 700 spectacles pour des gala d’entreprises j’aurais refusé des offres de l’Armée canadienne, de compagnies de cigarettes et d’armement et de compagnies qui ont une solide réputation de malhonnêteté ou qui ont du sang sur les main. Ce n’est pas le choix qui manque et j’ai pourtant vendu une quantité incroyable de ce type de spectacles.

D’autres me rétorquerons que si Karkwa avait refusé le deal, un autre l’aurais pris. Évidement qu’un autre l’aurais pris.

Oui, il n’est pas facile de bien vivre de son métier dans un band rock indie et OUI, ils méritent de bien gagner leur vie. On parle ici de jeunes qui ont fait des études de musiques à leur frais, payés des instruments qui coûtent cher, produisent des disques qui sont piratés et ont fait combien de tournées déficitaires et qui doivent renouveler le modèle d’affaire car celui utilisé depuis des décennies ne fonctionne plus !

Pourtant, il faut voir plus loin que cela je crois.

Karkwa a réalisé que ça musique plaisait aux publicistes et que surement d’autres compagnies seraient intéressés. Moby a vendu toutes les chansons de « Play » a des pubs. Au travail de l’éditeur d’en faire la promotion. En passant, un excellent article sur la vente de droits musicaux à la pub ici

Pour finir, je retiens aussi que Coke a une excellente image corporative. Ce n’est surement pas facile de dire non à ce type de proposition mais je doute que ça leur rapporte tant que ça. C’est une pub pour diffusion provinciale et mon ex qui achetait justement ce type de droit m’a parlé de montants entre 5-10 000 $. Rien pour s’énerver.

En conclusion, je fais part ici d’un malaise et je pense (du moins j’espère) que Karkwa a pesé sa décision avant d’aller de l’avant et leur  souhaite de pouvoir vendre des tonnes de chansons à des pubs à des clients… peut-être mieux choisis…

Bob Booking Canada, c’est parti !

Voila plusieurs mois que vous n’avez rien lu de frais sur mon blog. J’admets une certaine paresse couplée d’un printemps bien rempli suivi du Festival Complètement Cirque de Montréal en juillet et ensuite les vacances d’été. Parallèlement à tout cette activité, j’étais aussi très occupé à préparer le lancement de Bob Booking Amérique du Nord.

Je vous avais déjà parlé auparavant de ce fantastique outil de travail pour les agents de tournées (chargés de diffusion en France).  La plupart d’entre nous travaillent sans outil précis, naviguant de Excel à Word et à Outlook, dédoublant le travail et les infos. Bob réuni tout cela en même temps et à un prix dérisoire à côté du coût de se faire faire une base en Filemaker sur mesure.

J’en profite aussi pour vous annoncer que je ne collabore plus avec le Cirque Éloize. J’ai mis fin à 12 belles années de collaboration pour me consacrer à Bob et aussi à 3 projets de diffusion avec Timber du Cirque Alfonse, premier cirque de bucherons au monde,  la magnifique compagnie suédoise Cirkus Cirkör et leurs deux spectacles Underman et Wear it Like a Crown, et pour finir, une institution montréalaise, Omnibus, le corps du théâtre   dans une adaptation originale du célèbre opéra de Mozart, Cosi fan tutte au titre de l’Amour est un opéra muet.

Bref, je tenterais régulièrement d’alimenter ce blog car je vous sais nombreux à venir y chercher des idées de promotion pour vos créations et de votre carrière.

3 ans plus tard

Et 200 billets sur mille et un sujets, je suis plutôt fier d’avoir tenu le coup depuis mars 2008. De Dédé des Colocs (le billet le plus lu et commenté) à mes absences, je rédige et vous me lisez. Le sujet très à la mode en ce moment est Molière prends Twitter d’assaut !

Le court bilan de cette expérience est que mes connaissances sur le marketing du spectacle sont nettement plus grandes, et que, grâce à ce blog,  j’ai donné une dizaine d’ateliers sur le développement international.

On continue et je cherche toujours les bonnes idées originales de promotion et de marketing du spectacle !

Merci pour votre lectorat !

Un spectacle « à ne pas manquer »

Chaque fois que je vois cette phrase dans Facebook, une pub, un communiqué, une partie de moi (la plus grande) s’horripile devant tant de vide.

Comment peut-on décider d’aller voir un spectacle  « à ne pas manquer » alors que la plupart du temps, on ne sait rien dudit spectacle et que rien ne m’encourage de manière intelligente (du moins alléchante) à en savoir plus.

La plus grosse erreur des gens qui publicisent leur spectacle est de s’adresser à ceux qui les connaissent déjà plutôt que s’adresser à ceux qu’ils pourraient intéresser. N’oubliez pas: vos clients ne vous connaissent pas et ne s »intéressent pas à vous – Seth Godin.

La deuxième plus grosse erreur que font ces communications est de penser que le spectacle va plaire à tout le monde. Chose littéralement impossible (et heureusement d’ailleurs).

Et pourquoi ne devrais-je pas manquer ce spectacle – alors que je suis crevé de ma journée, que je dois trouver une babysitter à 25$ la soirée, qu’il y a ce DVD qui traine sur ma télé et que je veux le voir … – oui pourquoi ?

S’il vous plait, donnez-nous un slogan qui frappe l’imagination. Qui fasse en sorte que c’est une expérience extraordinaire et mémorable. Bref, que JE décide que c’est un spectacle à ne pas manquer !

Retour de la bourse RIDEAU 2011

Un petit saut de 2 jours à la Bourse RIDEAU a toujours eu pour moi quelque chose de réjouissant. Cette retrouvaille annuelle du monde, petit mais dynamique, du spectacle au Québec  est toujours un bon moment à passer. Je regrette seulement de ne pas avoir de spectacles à représenter qui justifierait financièrement la prise d’un kiosque et d’assister à de nombreux spectacles de qualité. Il est aussi agréable de constater que même si la majorité des diffuseurs sont en poste depuis longtemps, ils évoluent dans leur démarche. Plus que jamais ici, programmer est un geste artistique. Leur réflexions sur leur métier et leur réalité est aussi très saine.

Le gala de fermeture d’hier soir était bien ficelé. Le moment vraiment touchant de la soirée était l’hommage rendu à Normand L »Ecuyer de Diffusions de la Coulisse de Beloeil. Normand avec qui je n’ai pas eu le plaisir de travailler dans le passé, est un homme charmant et sensible.

Un autre prix qui m’a touché est celui remis au Théâtre de Baie Comeau et son équipe pour leur partenariat avec la Polyvalente Innu de Betsiamite sur la Côte Nord pour un projet de rapprochement entre la communauté Innu et la communauté blanche de Baie Comeau.

Bref, longue vie au réseau des salles québécoises

 

Montréal, capitale de la musique indie

Il se passe décidément quelque chose ici de plutôt inattendu. Montréal est devenue la capitale de la musique indie autant en anglais qu’en français. Avec la victoire d’Arcade Fire au Grammys comme album de l’année hier soir, cela ne fait que prouver la vitalité de la musique locale:

Et il y en a tant d’autres, Patrick Watson, Malajube, Karkwa, name it. Mais sans Godspeed you ! Black Emperor, tous ces artistes y seraient-ils parvenus ?